En 2050, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 50 % de la population mondiale sera allergique. En 2018, en France, et d’après l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale ), « 25 à 30 % de la population est allergique à quelque chose » soit près d’un Français sur trois.

Tous les chiffres sont à la hausse, et ce quel que soit le type d’allergie, quel que soit le pays, et quel que soit l’âge de la population. Et pourtant, l’allergie demeure une pathologie sous-estimée par les pouvoirs publics notamment en matière de recherche. Où en est-on aujourd’hui ? Mais au fait, qu’est-ce qu’une allergie ?

Une allergie est due à un dysfonctionnement du système immunitaire.

pollens allergieL’organisme est au quotidien soumis à des substances étrangères. Le système immunitaire réagit alors en fonction de la dangerosité de cette substance. S’il la « juge » inoffensive, il ne réagit pas. S’il la « juge » dangereuse, il réagit.

Les individus allergiques sont donc des personnes qui, au contact de certaines substances appelées « allergènes », déclenchent des réactions de défense liées à une défaillance du système immunitaire. Ce dernier considère une substance censée être anodine (poussière, aliment, pollen…) comme une agression, et il surréagit.

Ce qui explique aussi pourquoi certaines personnes sont allergiques et d’autres pas.

Ces réactions de défense se traduisent par des symptômes bien connus : nez qui coule, éternuements, larmoiements, conjonctivite, eczéma, asthme, choc anaphylactique : réaction allergique grave pouvant être mortelle.

Les réactions allergiques peuvent apparaître à tout âge, en toute saison et de façon plus ou moins brutale. Et même si, pour la plupart, les allergènes sont identifiés, les traitements sont rares. Les différents types d’allergènes

On recense aujourd’hui cinq catégories d’allergènes :

   Ceux qui affectent le système respiratoire : acariens, pollen, poils d’animaux, pesticides, pollution …
   Ceux qui sont contenus dans certains aliments comme les crustacés, le lait, les œufs, le l’arachide, le soja, le gluten. ..
   Ceux qui entrent dans la composition de matières ou les matériaux de contact comme les cosmétiques,  le caoutchouc, le latex…
   Certains médicaments (pénicillines, aspirine, anti-inflammatoires (AINS)…).
   Les venins : guêpes et abeilles.

Les allergies : quelques chiffres alarmants

L’ampleur du phénomène est éloquente : en 1968, on dénombrait 4 % d’individus allergiques au pollen, ils sont 30 % aujourd’hui ! Un Français sur trois est allergique et parmi eux, la moitié pâtit d’allergies affectant le système respiratoire. En vingt ans, il a été constaté une augmentation de 40 % d’adolescents asthmatiques.

Pour ce qui concerne les allergies alimentaires, elles sont en constante augmentation, et de plus en plus fréquentes chez les enfants : 4 % des adultes et 8 % des enfants en sont aujourd’hui victimes.

Un type d’allergie se développe également de façon significative chez les nourrissons : la dermatite atopique. Cet eczéma touche désormais plus d’un enfant sur dix. Où en est-on dans les traitements ?

Si le dépistage des allergies est aujourd’hui relativement simple, les traitements sont rares. Les traitements médicamenteux

traitement allergiePour lutter contre une allergie, différents types de médicaments sont prescrits : des antihistaminiques, des corticoïdes, des antileucotriènes, des broncho-dilatateurs…

Cependant, ces médicaments ont un rôle très limité : ils atténuent les symptômes, mais ne traitent en rien la cause. Autrement dit, et dans le meilleur des cas, ils ne procurent qu’un soulagement ponctuel. La désensibilisation relativement controversée

La désensibilisation encore appelée « immunothérapie allergénique (ITA) » est régulièrement proposée comme l’unique traitement d’une allergie. Cette technique consiste à rééduquer le système immunitaire en le reconditionnant pour qu’il réapprenne à réagir tel qu’il aurait dû le faire face à l’allergène concerné.

Le plus souvent pratiquée par un allergologue, la désensibilisation consiste à administrer chez le patient (par injection ou voie sublinguale) des doses croissantes et progressives de l’allergène identifié. Le système immunitaire est alors censé réapprendre à fonctionner « normalement ».

Si la désensibilisation semble avoir fait ses preuves pour les allergies aux venins, elle est pourtant controversée par une partie du corps médical : « si ça marchait, ça se saurait. » D’ailleurs, la Sécurité sociale ne rembourse ces traitements qu’à hauteur de 15 %.

Et, outre cet inconvénient majeur, la durée du traitement est considérablement longue : de trois à cinq ans ! L’éviction

La seule véritable solution connue aujourd’hui est l’éviction : éviter tout contact avec l’allergène. Relativement facile à mettre en place pour certains types d’allergie (alimentaire par exemple), il est impossible de l’appliquer pour d’autres (pollen, poussière…). Où, en France, est-on susceptible de s’exposer à une allergie respiratoire ?

Pour ce qui concerne l’allergie aux pollens, il existe un réseau national de surveillance qui édite en temps réel des bulletins polliniques par département. Selon le mois, la météo, la pollinisation des arbres varie. Les régions les plus souvent touchées sont les régions situées au nord et à l’est de la France. Une constante : le Finistère, qui est systématiquement le moins touché. Que font les pouvoirs publics ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a transmis son verdict : les allergies sont un véritable problème de santé publique. Et pourtant, les allergies demeurent une pathologie banalisée voire abandonnée par les pouvoirs publics. Certaines associations se mobilisent, en vain, pour tenter de faire bouger le système.

L’association Asthme et Allergies, par exemple, attire régulièrement l’attention du ministère de la Santé sur les manques en la matière. En 2017, plusieurs spécialistes dont la professeure Jocelyne Just de l’hôpital Trousseau à Paris et présidente de la Société française d’allergologie lançait un cri d’alarme « Je lance un cri d’alarme pour les allergies respiratoires, les plus fréquentes, mais aussi pour les allergies en général, car l’incidence et la gravité augmentent. »

Les messages ne semblent pas encore avoir été entendus. Que retenir ?

Les allergies sont en plein essor. Elles frappent de plus en plus, et de plus en plus fort. Tout le monde, quel que soit l’âge, peut être touché du jour au lendemain. Malgré les chiffres alarmants, l’allergie n’est toujours pas encore considérée comme une pathologie sérieuse. C’est donc au patient, dès les premiers signes ou soupçons, d’aller consulter un spécialiste afin d’évaluer et surtout de prévenir un risque d’aggravation.